Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

noscoeurssontremplisderayons - Page 6

  • Le paradis ici et maintenant?

    Paradise now d'Hany Abu-Assad (2005):

    Non, ce film ne dessine pas un paradis, ni sur Terre ni au ciel.

    Non, ce film ne fait pas plaisir. Non, ce film ne rend pas heureux.

    Et pourtant, ce film est nécessaire, pour tenter d'appréhender ce qui se passe dans la tête de deux Palestiniens de Naplouse, en Cisjordanie, qui ont été choisis pour commettre un attentat-suicide à Tel-Aviv. Ils enregistrent leur testament devant une caméra, qui devra contribuer à faire d'eux des héros martyrs de la cause palestinienne, ils profitent des moments passés en famille, des premiers instants d'un amour naissant - avec la superbe Lubna Azabal, et entreprennent de franchir les barbelés qui les séparent des territoires israëliens. Convaincus tout d'abord que la mort (la leur et celle de soldats et de civils israëliens) est leur seul moyen de résistance, ils en arrivent finalement à douter des convictions qui les poussent à faire les kamikazes ensemble. Chacun a son propre passé et sa propre conscience.

    C'est tragique, c'est poignant, c'est un sujet brûlant.

    Extrait d'un entretien avec le réalisateur: "Il est impossible de décrire tout le poids et la complexité de la tragédie palestinienne dans un film. Aucune des deux parties ne peut prétendre que ses positions sont plus morales surtout quand il s'agit d'ôter la vie à des êtres humains."

    A lire, la critique de Télérama: http://cinema.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M0509051431398&rub=2&page=a_la_une&srub=2

  • Etre père ou ne pas être père?

     

    Broken Flowers de Jim Jarmush (2005):

    Don (Bill Murray, au facies si expressif) vient juste de se faire larguer par sa dernière petite copine, et apprend qu'il est le père d'un charmant bambin de 19 ans, dont la mère ne révèle pas son identité. Le voilà donc parti à la recherche de ses anciennes conquêtes d'il y a 20 ans, dont il a fait la liste...Il les visite une par une, un bouquet de fleurs roses à la main (roses parce que le papier de la lettre était rose), et les interroge discrètement pour savoir laquelle est la mère de son fils encore inconnu.

    Ce road-movie est un joyau: à chaque expression de Don (vous savez, son air de chien battu si célèbre) on prête une pensée de circonstance, en général comique, parfois pathétique; son voisin "Sherlock" (Jeffrey Wright) est son parfait contre-poids, et chacun des épisodes au cours desquels il rencontre une ex (Sharon Stone et sa fille Lolita la bien-nommée, Jessica Lange et Frances Conroy) est déroutant, absurde, voire farfelu. La diversité des situations que rencontre sa quête fait que l'on ne s'ennuie pas, et la fin déjoue toutes nos attentes.   

    Bref: un très beau film, avec des acteurs de grande qualité. Allez voir sur http://www.imdb.com/title/tt0412019/ pour plus de renseignements, et sur http://www.bacfilms.com/presse/brokenflowers/ pour les plus belles images du film!

  • Ravage des temps modernes

     

    Ravage de René BARJAVEL, roman de science-fiction (1943):

    Nous voici en 2052, les "temps nouveaux" offrent à l'homme la possibilité de profiter de la modernité: les trains font le tour de la Terre en un éclair, on peut aller dîner en Ecosse pour la soirée, on reçoit du lait au robinet, le "Midi de la France, devenu un immense verger, produi[t] des fruits pour le reste du continent" (Folio p. 44), des façades en verre protègent Paris de la canicule, et l'on conserve ses défunts chez soi dans des pièces réfrigérées. Les gens n'ont donc plus peur de la mort, les assassins sont dissous dans des bains d'acide qui leur refusent "cette présence perpétuelle, succédané de l'éternité, qui rassuraient les mortels" (id. p. 53): le crime disparaît, "on continua seulement de tuer par amour".

    Mais Ravage prend tout son sens lorsque brusquement l'électricité disparaît, à jamais: les avions et les trains s'écrasent, les voitures s'arrêtent, les téléphones et les télévisions se taisent, les ascenseurs des tours de 400 étages restent bloqués...Notre jeune couple de héros, François et Blanche (à propos, pourquoi Scarlet Johanson? 1. Parce qu'elle est la plus belle représentation moderne de Blanche, l'héroïne de Barjavel, et 2. Parce qu'elle est beaucoup plus sexy que René Barjavel) va devoir survivre, fuir Paris en flammes, pour tenter de reconstruire dans leur Provence natale un nouveau monde, à l'ancienne. 

    Ravage est terrifiant et tragique, souvent cruel, mais le monde nouveau qu'il propose est digne d'intérêt, et assez original: pour repeupler le Sud de la France, ils réinstaurent la polygamie!

    Extrait: "Le résultat fut si probant qu'un loi institua un examen mental annuel obligatoire pour tout le monde. A la suite de cet examen, chaque printemps, un grand nombre de citoyens passaient au Dépiqueur. Les simples énervés, anxieux, tiqueurs, grimaciers, bègues, timides, ceux qui rougissent d'un rien et ceux qui dorment debout, les sans-mémoires, les parleurs nocturnes, les distraits, les avaleurs de vent, les grince-dent, les trembleurs, les vantards, les parle-toujours, les taciturnes [...] bref, les petits dérangés recevaient seulement une secousse qui les repoussait dans le droit chemin de l'homme moyen dont ils tendaient à s'écarter." (Folio p. 214)

  • Echanger pour mieux aimer

    Peindre ou faire l'amour de J-M et A. Larrieu (2005):

    Ce film est superbe.

    Amateurs de films aux dialogues peaufinés, aux paysages grandioses, aux lumières chatoyantes, aux acteurs aguerris et aux personnages gracieux, aux connexions enrichissantes et brillantes entre les personnes, ne vous gâchez pas ce plaisir!

     Laissez-vous troubler par la rencontre de ce couple de jeunes retraités, Madeleine (la superbe Sabine Azéma) qui peint le Vercors, William (Daniel Auteuil) qui s'ennuie, et trouve dans sa nouvelle maison de montagne une raison d'être heureux, avec le couple d'Adam (l'impressionnant Sergi Lopez, en aveugle philosophe et maire de village) et Eva (la charmante Amira Casar), leurs nouveaux voisins. Ils vont devenir amis, amants, connaître les émois de l'attachement, du manque, des retrouvailles, envisager une vie ensemble sur les îles, puis se quitter sans heurts. William ne prononce le mot "échangisme" que lorsqu'il croit avoir été "baisé" par Adam et Eva (le moment de doute qui assaille souvent celui qui est sincère), et sinon leur amour ne cadre pas avec la connotation péjorative de cette "pratique sexuelle". Adam l'aveugle leur a rendu la vie, rendu l'amour.

    Bref, un film enchanteur et ensorcelant, plein de charme!

    "Les réalisateurs [...] précisent, à propos de l'aspect transgressif de cette histoire : "Au fond, ce qui est subversif et provocant chez eux, c'est l'innocence et la légèreté avec laquelle ils passent à l'acte." " sur http://www.festival-cannes.fr/films/fiche_film.php?langue=6001&id_film=4284546

     

  • Poème à contrainte - 2

    Inclinations

     

     

     

    Je me souviens de nos étreintes entortillées

     

    Quand ton souffle caressait ma lueur.

     

    La lune était agate,

     

    Les phosphores par nuées nous envoûtaient.

     

     

     

    Bien souvent, je revois ton halo

     

    Et j’entends ton sourire en amandes

     

    Qui me susurre : encore !

     

     

     

    J’entendrai toujours ta tumultueuse auréole

     

    Et tes doigts qui m’ensorcellent.

     

     

     

    Enfant, je rêvais de tes soupirs.

     

    Tous ces souvenirs me forgent.

     

     

     

    Poème à contrainte: les premiers mots des vers étaient imposés. Février 2005

     

  • Voyage en l'an 100 000

    Le Voyageur Imprudent de René Barjavel (1958):  

    Qui connait un seul mauvais roman de René Barjavel? Pas moi, mais si vous en avez rencontré un, dites le moi! Il a beaucoup écrit, et plus je le lis, plus je l'aime. Regardez par exemple ce Voyageur Imprudent, nommé Pierre St-Menoux, qui doit se coltiner, à pied, avec son régiment, les déplacements et les batailles au cours de la 2nde guerre mondiale. Il a la chance de rencontrer Noël Essaillon, un vieux scientifique obèse, qui lui propose de profiter de son incroyable dernière invention: la machine à remonter le temps, en arrière et en avant. Notre voyageur imprudent va donc aller visiter notre futur, et Barjavel nous le prédit sans électricité ni distinction de sexe. Ce futur est ahurissant, mais notre voyageur a tendance à se laisser gagner par son enthousiasme, et à se laisser prendre à la tentation de changer son présent en manipulant le passé...

    Bref, c'est un Effet Papillon avant l'heure      http://www.leffetpapillonlefilm.com/   , romanesque à souhait - n'oublions pas la belle histoire d'amour qui lie Pierre à Annette, la fille de Noël, et futuriste comme on les aime! Barjavel était un écolo avant l'heure, ce qu'il nous prédit pourrait arriver si chacun de nous ne change rien à ses mauvaises habitudes! Mais c'est un autre débat.

    Extrait: "Comme mes contemporains, mes frères, me paraissent misérables à côté d'eux. [...] Nos descendants lointains, eux, se donnent tout entiers; cuir et chair, une fois pour toutes! Ils n'ont pas besoin d'organe mâle. L'organe c'est leur corps, qui se dissout totalement au sein de la femme, comme quelques poètes et amoureux de notre temps ont souhaité - avec la sécurité de savoir que c'était  heureusement impossible - de se fondre dans l'objet aimé." (Folio p. 143)

  • Le Festival Interceltique de Lorient

    Lorient (Bretagne, Morbihan sud), août 2005:

    Fidèle à sa réputation, le Festival Interceltique de Lorient (le FIL pour les intimes) a exalté la ville aux 5 ports habituellement si calme, qui fut envahie par les cornemuses, bombardes, caisses claires, bonshommes en kilt et touristes en mal de fest-noz (les danses de nuit, ou de jour d'ailleurs), de musiques celtiques ou pas, et de bières, et de cidre breton, ou asturien. Pour les non-initiés, ce Festival rassemble les Celtes du monde entier, ils arrivent d'Ecosse, du Pays de Galles, d'Irlande (pays invité d'honneur de cette édition 2005), des Asturies, de la Galice (deux régions de l'Espagne), d'Acadie (au Canada), d'Australie (qui sera l'invitée d'honneur en 2006), et j'en oublie...Il y avait même un bagad (un ensemble) de Palestiniens du Liban cette année, cf. album photo ci-dessous.

    Ce fut l'occasion, pour tous les chanceux qui étaient sur place, d'assister à des concerts: les Silencers, Yann Tiersen, Carlos Nunez, Denez Prigent pour les plus connus, ou la superbe Acadienne Dominique Dupuis qui mettait le feu au Pavillon de l'Acadie tous les soirs. On pouvait également aller danser au fest-noz salle Carnot, ou au Pavillon de l'Irlande, où des musiciens mettaient de l'ambiance tous les après-midi et tous les soirs. Ou assister à un spectacle de danses irlandaises, ou aller écouter des artistes-écrivains au Bistrot littéraire sur le port, ou aller manger une galette-saucisse au village celte, etc.

    Je ne peux pas tout raconter, ça dure 10 jours, et il est impossible de s'ennuyer tant il y a d'activités et de spectacles proposés, pour tous les goûts, des plus traditionnels au moins traditionnels. Les gens se retrouvent pour faire la fête, écouter de la bonne musique, danser, apprécier la celtitude quoi!

    Tous les renseignements sur http://www.festival-interceltique.com/

    et sur mon album photos ci-dessous!

    Ier mat'!

  • Poème à contrainte

    Enlèvement

    Minuit. Voici l’heure où les cœurs rugissent.

    Sortant d’une housse opaque et cossue

    Un sentiment surgit dans la pénombre du repli sur soi.

    Il esquisse un soubresaut naïf,

    S’approche en frissonnant

    Sur la pointe des atomes crochus,

    Et saisit innocemment un cœur vide.

    Puis, tout en sculptant des comètes

    Avec un espoir candide,

    Il pénètre dans l’interstice amoureux,

    Et d’un seul coup, en rayonnant,

    Avant que l’autre ne prenne peur,

    Il le sublime outrageusement.

       

     

    Poème original de Maurice CAREME (1899-1978) : « L’heure du crime » (Au clair la de lune)

    http://home.nordnet.fr/~sdelbecque/anima/careme3.htm

     
  • Les seins de Consuela

    La Bête qui meurt de Philip ROTH (2004) (The Dying Animal, 2001)

                Ah, les seins généreux de Consuela ! Le narrateur (et figure de l’auteur) de ce roman récent de Philip Roth est subjugué par les « plus somptueux seins qu’[il] ai[t] jamais vus » (et pourtant, « je me permets de rappeler que, né en 1930, j’en ai tout de même vu quelques-uns, depuis le temps », ajoute-t-il), et par la superbe étudiante de 24 ans qui en est dotée. Il nous raconte donc son aventure charnelle avec cette femme d’origine cubaine qui le domine et le soumet presque, lui l’amateur sexagénaire de jeunes étudiantes, professeur de facultés ayant l’habitude de faire succomber ses auditrices.

    C’est toujours aussi bien écrit (aussi bien traduit, devrais-je dire), les passages érotiques ponctuent toujours l’intrigue, et la réflexion peut se faire philosophique, lorsque le livre aborde les thèmes de la vieillesse, de la mort, de la dépendance sexuelle et de la jalousie amoureuse .

                Bref, un roman court, captivant et voluptueux !
     

    Extrait :

     
     

    « Avoir ces filles pour élèves a fait mon éducation. Je les ai vues s’attifer, jeter leurs bonnes manières aux orties pour se montrer nues et crues, j’ai partagé leur musique, fumé avec elles en écoutant Janis Joplin […], - j’ai observé la superbe, l’appétit et l’excitation de toutes ces Janie épargnées par la terreur biologique de l’érection, la peur de la transformation phallique de l’homme. » (pp. 57-58 Gallimard)

     

  • Le dernier Jean-Christophe Rufin

    Globalia de Jean-Christophe RUFIN (2005)

    Le dernier roman de J-C Rufin appartient au genre de la science-fiction, et nous décrit un monde ultra-sécurisé, où tout est contrôlé, limité par une immense bulle de verre, au-delà de laquelle se trouvent les non-zones, où règnent soi-disant l'anarchie et la violence meurtrière. Baïkal, notre héros, veut s'échapper, et y parvient lorsqu'il est recruté comme ennemi  n°1 de Globalia. Mais il a oublié la belle Kate, qui va tout mettre en oeuvre pour le retrouver.

    Ce roman se lit très facilement - peut-être trop facilement, l'écriture en est plutôt journalistique - et l'évocation de ce monde digne du "Big Brother" d'Orwell ne peut que nous interpeller sur les dérives de notre monde actuel, celui de l'"insécurité" et de la mondialisation. La propagande y est omniprésente, et les hommes politiques décident de ce qui convient le mieux aux citoyens, fut-ce au prix de mensonges et de manipulations. Ce livre vaut donc par sa représentation d'une société potentielle, et par les différents périls qu'affronte Baïkal. J'ai cependant interrompu ma lecture 50 pages avant la fin, cette écriture trop peu littéraire m'a lassée.

    Bref, le 1984 de 2005!

  • L'été de l'amouuuur!

    My Summer of love de Pawel Pawlikovski (2005)
    L'amour, l'amour! C'est beau, surtout quand c'est une histoire entre deux jeunes filles en fleurs gracieuses, l'une en vacances dans le manoir de ses riches parents jamais là, l'autre qui cherche à fuir le pub familial où ne lui reste plus que son frère, dans une phase mystique, qui a reconverti le débit d'alcool en salle de prières digne d'une secte.
    Elles fument, elles boivent, elles vont se baigner, de vraies vacances (j'aime bien cette citation d'Edgar Morin: "La vacances de valeurs fait la valeur des vacances") !   C'est une vraie histoire d'amitié, d'affinités, teintée d'une touche de sensualité qui peut troubler.
    Et comme "les histoires d'amour finissent mal, en général", Mona s'aperçoit que Tasmin lui a menti, et qu'elle exerce aussi son pouvoir de séduction  sur son frère, en guise de test amusant.
    Bref, un beau film, de belles actrices, un régal!

  • Palindromes, ou le malaise

    Palindromes de Todd Solondz (2005)

    Un palindrome est un mot ou une phrase qui se lit dans les deux sens, comme Aviva, le prénom de l'héroïne de ce film très déconcertant. Film insolite de par son intrigue, qui met en scène cette adolescente de 12 ans qui veut être maman à tout prix, pour avoir toujours quelqu'un à aimer, et qui se retrouve enceinte, et obligée d'avorter par sa mère. Elle fugue alors, et rencontre un routier déphasé, puis Mama Sunshine et sa famille d'illuminés contre l'avortement. Le sujet de ce film est donc bien incongru, et on ne peut plus tragique puisque le "boucher" Fleisher qui l'avorte est obligé de lui enlever son utérus, suite à une hémorragie: elle ne pourra donc jamais avoir d'enfants, elle qui en voulait plein plein ! Mais non, je ne vous ai pas dévoilé la fin du film, cela on le sait dès le début! D'où une impression de malaise, de tragique de l'existence, qui m'a fait ressortir de ce film plutôt déboussolée. Et le fait que j'étais toute seule dans la salle obscure n'a rien arrangé: quoi, personne d'autres pour recevoir en pleine face ce percutant du gauche?

    Car j'oubliais! Le film est divisé en une dizaine de chapitres, et Aviva est interprétée à chaque fois par une actrice différente! Ces changements de corps accentuent l'aspect déroutant du film: tantôt Aviva est une petite brune grassouillette, tantôt elle est une noire obèse, tantôt une châtain mince aux yeux bleus! Ces différentes matérialisation ne font d'ailleurs que mettre en exergue son mal être face à son enveloppe charnelle. Sa coquille ne lui sied pas, et pourtant elle s'y enferme!

    Bref, un film pour être déstabilisé, agacé, perturbé, et pour ressentir le tragique de la vie!