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Littérature

  • Le théâtre des déjantés

    LA TOUR DE LA DEFENSE de COPI, mise en scène par Marcial DI FONZO BO, avec Marina FOïS, Clément SIBONY, Marcial DI FONZO BO, Mickaël GASPAR, Pierre MAILLET et J-François AUGUSTE

    Pièce représentée à la Comédie de VALENCE les 25 et 26 janvier 2006

    Nous sommes au 13è étage de la tour de la Défense, dans un appartement à la décoration on ne peut plus moderne, le 31 décembre 1976. Luc et Jean (Clément Sibony à la moustache fort disgracieuse, et Marcial Di Fonzo Bo, le metteur en scène, qui joue) se font une scène de ménage, tandis que leur voisine Daphné, très sexy mais "sous acide" débarque: c'est la belle Marina Foïs, que vous avez peut-être aperçue avec les Robins des bois, et dans Bienvenue au gite ou Je m'sens pas belle.

    Les rejoignent Ahmed, un arabe homosexuel et Micheline, une transexuelle, et les événements incongrus peuvent commencer, dans un rythme très soutenu; qui est amoureux de qui? Qui veut tirer un coup avec qui dans la salle de bain? Daphné va-t-elle enfin partir à la recherche de sa fille que lui a soi-disant enlevée son mari américain? Les surprises pleuvent, les vacheries fusent, les vêtements volent, les corps se dévoilent (à propos, j'ai eu ma réponse concernant la nudité au théâtre, sur laquelle je me questionnais l'an dernier: c'est bel et bien à la mode!), les catastrophes se succèdent... C'est trépidant, c'est totalement déjanté: mon seul regret: ça m'a  rappelé l'Enfant froid, que j'avais découvert en octobre dernier.

    Cf. critique du Théâtre National de Bretagne, où a été créée la pièce.

  • Le mystère de la truffe

    L'Université Populaire de Valence nous proposait cette année un module sur la truffe, organisé en deux séances, l'une théorique, et l'autre pratique, animées par Aymé BARNERON, un homme passionné par ce mystérieux champignon.

    La première séance nous renseigna sur les conditions de maturation de la truffe, qui est un champignon qui a besoin d'un arbre pour exister: les deux fonctionnent en symbiose. Mais pas n'importe quel arbre! Et pas sur n'importe quel sol! De nombreuses conditions doivent être réunies pour que vous puissiez aller la "chasser" de novembre à février. Et n'oubliez pas votre chien truffier (eh non, ce n'est pas un cochon, comme le voudrait le mythe), sinon vous allez devoir tenter de repérer la mouche chercheuse de truffes (ouvrez l'oeil, et le bon!), qui se pose au-dessus des truffes.

    Aymé nous fit sentir les 3 principales sortes de truffes qu'il trouve: la Mélanosporum, la Brumale et la Mésentérique, qui sent très fort le phénol, et qui n'est pas bonne à manger. La Mélanosporum, par contre, est le "diamand noir de Provence", et vaut 550€ le kilo. Ensuite, sur le terrain, nous en avons trouvé une quinzaine, de tailles différentes, tantôt à la surface de la terre, tantôt en profondeur.

    Cf. album photos ci-dessous.

     

  • Tout nus et en pleurs

    MONSIEUR KOLPERT, pièce de théâtre de D. GIESELMANN, mise en scène par Christophe PERTON à la Comédie de Valence, de 2002 à 2005

    Rarement je suis sortie d'une pièce de théâtre, ou même d'une séance de cinéma, aussi heureuse et bouillonnante de jubilation de m'être autant divertie: le plaisir et le délire ont été immédiats au cours de ce spectacle. Du début à la fin, le spectateur rit, sourit, autant du comique que du tragique des scènes. Ainsi, la pièce commence aussitôt que l'on a trouvé son siège, car sur scène est déjà présent Ralf Droht, incarné par le beau Cédric MICHEL, qui délire avec sa chaine audio, danse et boit dans son salon, alors que sa compagne Sarah, jouée par la lumineuse Hélène VIVIES, s'habille et se maquille dans la salle de bain. La pièce commence  lorsqu'ils se retrouvent dans le salon, et se mettent d'accord sur les réjouissances de la soirée: ils ont invité un couple de collègues de bureau, dans le but avoué de SE DIVERTIR. Ils se mettent d'accord pour fermer une grande malle, et dissimuler la clé.

    Et le divertissement débute dès qu'arrive l'autre couple, aussi sombres que sont excentriques notre Ralf et notre Sarah. Ralf leur fait croire qu'ils ont tué leur supérieur Monsieur Kolpert, et qu'ils l'ont mis dans la malle. Edith (Juliette Delfau) et Bastian (Vincent Garanger) y croient plutôt, pendant que la pièce chavire: de comédie de boulevard, elle glisse, progressivement, vers le théâtre de l'absurde sanguinolant (vous ne connaissez pas ce genre? C'est violent, et très déjanté). Le rythme est enlevé, le spectateur s'éclate, la chorégraphie du dévorage de pizza ( le livreur est joué par Anthony Poupard) est exaltante, tout le monde se libère, jusqu'au final où l'on se retrouve avec trois cadavres dans la malle, et trois très belles personnes debout toutes nues en pleurs. Tout nus, oui, encore (cf. déjà l'Enfant froid)! Plus je fréquente la Comédie de Valence, et plus j'aperçois d'intimités dévoilées... J'aurais tendance à parler d'exhibitionnisme, mais c'est parce que je n'ai pas le tempérament de comédien.

    Bon, c'est dommage, ce spectacle ne passe plus, mais au moins vous savez ce que vous avez manqué.

  • La maîtresse névrosée

    HILDA, pièce de théâtre jouée à la Comédie de Valence, mise en scène de C. PERTON, texte de Marie NDIAYE

    On appelle ça une oeuvre éponyme, lorsqu'elle porte le nom du personnage principal ("Oui, bien, l'élève de devant, comme Madame Bovary de Flaubert"!); mais dans cette pièce, sa présence est très particulière, puisqu'elle ... brille par son absence! En effet notre héroïne ne fait JAMAIS son apparition sur scène. Et pourtant ... on la connaît comme si elle était familière. Parce que la dame qui l'emploie comme bonne à tout faire en est  passionnément éprise, cette passion lui permettant de combler le vide de son existence bourgeoise étriquée et monotone, et le désert de son coeur qui reste indifférent à ses propres enfants. Mme Lemarchand, jouée par une excellente Claire SEMET, s'approprie donc notre pauvre Hilda, au détriment du mari d'Hilda (Ali Esmili), qui se retrouve seul avec ses enfants. Ce drame se joue donc à travers les paroles de Mme Lemarchand qui raconte ce qu'elle fait subir à sa protégée; c'est terrible, tant la dame n'a ni scrupules, ni conscience morale, ni pitié pour les vies qu'elle détruit.

    La disposition de la scène était très particulière: deux groupes de spectateurs se faisaient face, de chaque côté d'une étroite scène. L'obscurité était privilégiée, et le trouble amplifié. Un spectacle à voir.

    Bref, allez au théâtre, à Valence, c'est un trésor, c'est une aubaine, c'est une apothéose. Et puis les comédiens ont ce petit côté exhibitionniste qui les pousse si souvent à se mettre à nu... La suite dans mon avis sur Monsieur Kolpert, splendide.

  • Ravage des temps modernes

     

    Ravage de René BARJAVEL, roman de science-fiction (1943):

    Nous voici en 2052, les "temps nouveaux" offrent à l'homme la possibilité de profiter de la modernité: les trains font le tour de la Terre en un éclair, on peut aller dîner en Ecosse pour la soirée, on reçoit du lait au robinet, le "Midi de la France, devenu un immense verger, produi[t] des fruits pour le reste du continent" (Folio p. 44), des façades en verre protègent Paris de la canicule, et l'on conserve ses défunts chez soi dans des pièces réfrigérées. Les gens n'ont donc plus peur de la mort, les assassins sont dissous dans des bains d'acide qui leur refusent "cette présence perpétuelle, succédané de l'éternité, qui rassuraient les mortels" (id. p. 53): le crime disparaît, "on continua seulement de tuer par amour".

    Mais Ravage prend tout son sens lorsque brusquement l'électricité disparaît, à jamais: les avions et les trains s'écrasent, les voitures s'arrêtent, les téléphones et les télévisions se taisent, les ascenseurs des tours de 400 étages restent bloqués...Notre jeune couple de héros, François et Blanche (à propos, pourquoi Scarlet Johanson? 1. Parce qu'elle est la plus belle représentation moderne de Blanche, l'héroïne de Barjavel, et 2. Parce qu'elle est beaucoup plus sexy que René Barjavel) va devoir survivre, fuir Paris en flammes, pour tenter de reconstruire dans leur Provence natale un nouveau monde, à l'ancienne. 

    Ravage est terrifiant et tragique, souvent cruel, mais le monde nouveau qu'il propose est digne d'intérêt, et assez original: pour repeupler le Sud de la France, ils réinstaurent la polygamie!

    Extrait: "Le résultat fut si probant qu'un loi institua un examen mental annuel obligatoire pour tout le monde. A la suite de cet examen, chaque printemps, un grand nombre de citoyens passaient au Dépiqueur. Les simples énervés, anxieux, tiqueurs, grimaciers, bègues, timides, ceux qui rougissent d'un rien et ceux qui dorment debout, les sans-mémoires, les parleurs nocturnes, les distraits, les avaleurs de vent, les grince-dent, les trembleurs, les vantards, les parle-toujours, les taciturnes [...] bref, les petits dérangés recevaient seulement une secousse qui les repoussait dans le droit chemin de l'homme moyen dont ils tendaient à s'écarter." (Folio p. 214)

  • Poème à contrainte - 2

    Inclinations

     

     

     

    Je me souviens de nos étreintes entortillées

     

    Quand ton souffle caressait ma lueur.

     

    La lune était agate,

     

    Les phosphores par nuées nous envoûtaient.

     

     

     

    Bien souvent, je revois ton halo

     

    Et j’entends ton sourire en amandes

     

    Qui me susurre : encore !

     

     

     

    J’entendrai toujours ta tumultueuse auréole

     

    Et tes doigts qui m’ensorcellent.

     

     

     

    Enfant, je rêvais de tes soupirs.

     

    Tous ces souvenirs me forgent.

     

     

     

    Poème à contrainte: les premiers mots des vers étaient imposés. Février 2005

     

  • Voyage en l'an 100 000

    Le Voyageur Imprudent de René Barjavel (1958):  

    Qui connait un seul mauvais roman de René Barjavel? Pas moi, mais si vous en avez rencontré un, dites le moi! Il a beaucoup écrit, et plus je le lis, plus je l'aime. Regardez par exemple ce Voyageur Imprudent, nommé Pierre St-Menoux, qui doit se coltiner, à pied, avec son régiment, les déplacements et les batailles au cours de la 2nde guerre mondiale. Il a la chance de rencontrer Noël Essaillon, un vieux scientifique obèse, qui lui propose de profiter de son incroyable dernière invention: la machine à remonter le temps, en arrière et en avant. Notre voyageur imprudent va donc aller visiter notre futur, et Barjavel nous le prédit sans électricité ni distinction de sexe. Ce futur est ahurissant, mais notre voyageur a tendance à se laisser gagner par son enthousiasme, et à se laisser prendre à la tentation de changer son présent en manipulant le passé...

    Bref, c'est un Effet Papillon avant l'heure      http://www.leffetpapillonlefilm.com/   , romanesque à souhait - n'oublions pas la belle histoire d'amour qui lie Pierre à Annette, la fille de Noël, et futuriste comme on les aime! Barjavel était un écolo avant l'heure, ce qu'il nous prédit pourrait arriver si chacun de nous ne change rien à ses mauvaises habitudes! Mais c'est un autre débat.

    Extrait: "Comme mes contemporains, mes frères, me paraissent misérables à côté d'eux. [...] Nos descendants lointains, eux, se donnent tout entiers; cuir et chair, une fois pour toutes! Ils n'ont pas besoin d'organe mâle. L'organe c'est leur corps, qui se dissout totalement au sein de la femme, comme quelques poètes et amoureux de notre temps ont souhaité - avec la sécurité de savoir que c'était  heureusement impossible - de se fondre dans l'objet aimé." (Folio p. 143)

  • Poème à contrainte

    Enlèvement

    Minuit. Voici l’heure où les cœurs rugissent.

    Sortant d’une housse opaque et cossue

    Un sentiment surgit dans la pénombre du repli sur soi.

    Il esquisse un soubresaut naïf,

    S’approche en frissonnant

    Sur la pointe des atomes crochus,

    Et saisit innocemment un cœur vide.

    Puis, tout en sculptant des comètes

    Avec un espoir candide,

    Il pénètre dans l’interstice amoureux,

    Et d’un seul coup, en rayonnant,

    Avant que l’autre ne prenne peur,

    Il le sublime outrageusement.

       

     

    Poème original de Maurice CAREME (1899-1978) : « L’heure du crime » (Au clair la de lune)

    http://home.nordnet.fr/~sdelbecque/anima/careme3.htm

     
  • Les seins de Consuela

    La Bête qui meurt de Philip ROTH (2004) (The Dying Animal, 2001)

                Ah, les seins généreux de Consuela ! Le narrateur (et figure de l’auteur) de ce roman récent de Philip Roth est subjugué par les « plus somptueux seins qu’[il] ai[t] jamais vus » (et pourtant, « je me permets de rappeler que, né en 1930, j’en ai tout de même vu quelques-uns, depuis le temps », ajoute-t-il), et par la superbe étudiante de 24 ans qui en est dotée. Il nous raconte donc son aventure charnelle avec cette femme d’origine cubaine qui le domine et le soumet presque, lui l’amateur sexagénaire de jeunes étudiantes, professeur de facultés ayant l’habitude de faire succomber ses auditrices.

    C’est toujours aussi bien écrit (aussi bien traduit, devrais-je dire), les passages érotiques ponctuent toujours l’intrigue, et la réflexion peut se faire philosophique, lorsque le livre aborde les thèmes de la vieillesse, de la mort, de la dépendance sexuelle et de la jalousie amoureuse .

                Bref, un roman court, captivant et voluptueux !
     

    Extrait :

     
     

    « Avoir ces filles pour élèves a fait mon éducation. Je les ai vues s’attifer, jeter leurs bonnes manières aux orties pour se montrer nues et crues, j’ai partagé leur musique, fumé avec elles en écoutant Janis Joplin […], - j’ai observé la superbe, l’appétit et l’excitation de toutes ces Janie épargnées par la terreur biologique de l’érection, la peur de la transformation phallique de l’homme. » (pp. 57-58 Gallimard)

     

  • Le dernier Jean-Christophe Rufin

    Globalia de Jean-Christophe RUFIN (2005)

    Le dernier roman de J-C Rufin appartient au genre de la science-fiction, et nous décrit un monde ultra-sécurisé, où tout est contrôlé, limité par une immense bulle de verre, au-delà de laquelle se trouvent les non-zones, où règnent soi-disant l'anarchie et la violence meurtrière. Baïkal, notre héros, veut s'échapper, et y parvient lorsqu'il est recruté comme ennemi  n°1 de Globalia. Mais il a oublié la belle Kate, qui va tout mettre en oeuvre pour le retrouver.

    Ce roman se lit très facilement - peut-être trop facilement, l'écriture en est plutôt journalistique - et l'évocation de ce monde digne du "Big Brother" d'Orwell ne peut que nous interpeller sur les dérives de notre monde actuel, celui de l'"insécurité" et de la mondialisation. La propagande y est omniprésente, et les hommes politiques décident de ce qui convient le mieux aux citoyens, fut-ce au prix de mensonges et de manipulations. Ce livre vaut donc par sa représentation d'une société potentielle, et par les différents périls qu'affronte Baïkal. J'ai cependant interrompu ma lecture 50 pages avant la fin, cette écriture trop peu littéraire m'a lassée.

    Bref, le 1984 de 2005!