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cinéma - Page 2

  • Marcher droit ou pas?

    WALK THE LINE, film USA de James MANGOLD (2005), 2h17, avec Joaquin PHOENIX et Reese WITHERSPOON...

    Ne manquez pas ce film si vous avez l'occasion de le voir! C'est un joyau musical et dramatique à l'égal du divin Ray avec Jammie FOXX. Joaquin PHENIX incarne Johnny CASH, le chanteur country-rock des années 1950-60 aux Etats-Unis, qui doit se faire une place dans sa famille (face à un père qui ne l'aime pas et qui lui reproche la mort de son frère aîné), et dont on retrace le parcours singulier, du chanteur sorti de sa campagne à l'icône nationale.

    On le suit dans ses tournées, dans la dissolution de sa famille, dans la passion qu'il éprouve pour la charismatique chanteuse June CARTER, magistralement incarnée par Reese WITHERSPOON, qui a reçu pour ce rôle l'Oscar de la meilleure actrice en 2006, et qui ajoute du relief à ses prestations musicales en l'accompagnant dans des duos. Johnny doit affronter le monstre de la drogue, il frôle la déchéance, et il s'en sort grâce à June. C'est très romantique sans tomber pour autant dans le gnan gnan, et nos deux acteurs chantent aussi bien que les originaux, C'EST A VOIR et à écouter pour la bande originale! Cf. critique Télérama.

  • L'insoutenable légèreté de tuer

    ROMANZO CRIMINALE, film italien de Michele Placido (2005), 2h28:

    Ce film de "romance criminelle" est un excellent film d'action noir, beaucoup plus "criminel" que "romance", où on suit les différents membres d'une organisation criminelle à Rome dans les années 1970: il y a le Libanais (qui s'est donné ce nom parce que, jeune, il voulait passer sa vie à fumer du hashich libanais), Dandy, le beau Freddo, la belle Anna Mouglalis qui joue la prostituée de luxe, achetée par Dandy. Nous assistons aux enlèvements, attentats terroristes, meurtres, trafic de drogue, perpétrés par les protagonistes de l'organisation, traqués par la police.

    Le rythme est rapide, les actes de violence s'enchainent, atténués par l'histoire d'amour de Freddo avec la mignonne Jasmine Trinca, jusqu'à la dislocation de l'organisation. C'est très marquant, cette facilité qu'ils ont à appuyer sur la gachette, ou à poignarder les gens qui les dérangent. Ce sont vraiment les "années de plomb" de l'Italie.

    Cf. site officiel du film et critique Télérama et Libération.  

  • Les trois âges de l'amour

    THREE TIMES, film taïwanais de Hou Hsiao-Hsien (2005):

    Ce superbe film en forme de conte sentimental s'appelle de la sorte parce qu'il raconte 3 fois une histoire d'amour, à des époques différentes (1911, 1966, et 2005), mettant en scène la même jeune fille - la SUPERBE, envoûtante et naïvement pulpeuse Shu QI, et le même jeune homme faisant son service militaire - Chen CHANG. Ils se rencontrent alors que May s'occupe de l'entretien et du jeu d'un billard en 1966, puis alors qu'elle est courtisane dans un "salon" en 1911, et enfin dans le Tapeï tumultueux en 2005, alors qu'ils ont déjà chacun une petite amie.

    Nos tourtereaux sont subliment filmés, la caméra prend le temps de savourer les atmosphères et les lumières, la musique harmonise leurs contacts (par exemple, Rain and Tears de Aphrodite's Child - 1969), c'est un enchantement, surtout dû, avouons-le, à la présence magique de Shu QI (question potins: s'est-elle fait gonfler les lèvres comme Emmanuelle Béart? Si ce n'est pas le cas, elle est une vraie Vénus naturelle). C'est un délice de plus de 2h, qui vous ravit.

    A lire: la critique des Cahiers du cinéma, élogieuse et dense.

     

     


  • "Famille, je vous hais" / aime

    THE KING (2005) de James MARSH, USA avec Gael Garcia Bernal

    Le beau Gael Garcia Bernal joue une jeune "marins" qui part à la rencontre de son père, qui le rejette tout d'abord, car il renie son passé impur de "pêcheur" ayant forniqué en-dehors du mariage - il est devenu pasteur d'une église baptiste dans le Texas, et père de deux enfants parfaits. Le "bâtard" commence à dévergonder sa jolie demie-soeur, et les événements s'enchainent, sur un registre de plus en plus tragique.

    L'attrait de ce film réside certes dans le charme et l'immense talent de Gael Garcia Bernal, mais aussi dans la manière impeccable de filmer la dégradation de la situation, les scènes hallucinées de l'église où ils célébrent Jésus, "à la fois secte et show", et cette folie si sensée de ce fils qui veut trouver sa place. Cf. critique de Télérama.

  • Se ressourcer

    20 nuits et 1 jour de pluie film français de LAM LÊ (2005):

    Non, ce film n'est pas un film érotique, comme le laisserait croire une des affiches ci-contre; mais c'est un film où la sensualité et la chair ont un rôle important, même s'ils ne sont jamais présentés de manière crue. Eric Nguyen et Natalia Wörner se rencontrent à Paris, lui est Français d'origine vietnamienne (tout comme Lam Lê), elle est allemande conquise par Java, et y habitant. Leurs personnages vont passer 20 nuits ensemble, à se découvrir, et à construire un sens à leur présent en fonction de leur vécu, de leurs origines.

    Le rythme est un peu lent, mais on s'y laisse prendre, car les dialogues sont intéressants, et les plans vraiment peaufinés: autant ceux du huis-clos de l'appartement, que ceux du périple jusqu'au volcan de Java.

    C'est une "invitation au voyage" (Baudelaire), prenez 2h de vacances en Asie! Nous avons eu la chance, au Navire de VALENCE, de rencontrer Eric NGUYEN, l'acteur principal, prolixe et chaleureux, qui a donné de la perspective au film.

  • Le Grand Amour n'est pas toujours le plus facile

    BROKEBACK MOUNTAIN (2005) d'ANG LEE, USA, 2h14

    Lion d'Or de VENISE 2005

    Ne laissez pas passer ce western romantique superbe, tant le sujet est bien traité, les paysages hallucinants de sérénité, et l'intrigue tellement bien agencée qu'on ne voit pas les deux heures passer. Heath LEDGER et Jake GYLLENHAAL sont deux cowboys amenés à travailler ensemble à Brokeback Mountain, dans le Wyoming. Aucun d'eux n'est homosexuel (trop la honte à cette époque où les homosexuels se faisaient tabasser par les "vrais" hommes du village), mais ils vivent une histoire d'amour.

    Et toute leur vie durant, en secret de leur épouse et de leurs enfants, ils vont se revoir régulièrement, à Brokeback Mountain, pour s'aimer à la folie. C'est une très belle histoire d'amour, mais c'est un amour impossible, car ils ne se voient guère souvent, et ne peuvent habiter ensemble, à cause des bienséances et de l'intolérance de l'époque à l'égard des homosexuels. Aucun voyeurisme dans ce film à la fois sobre et émouvant, adapté d'une nouvelle d'Annie Proulx.

    Cf. critique Télérama.

  • Se conformer ou sembler "bizarre"?

    GENTILLE, de Sophie Fillières, FRANCE (2005):

    Ce film joue sur l'insolite des situations, l'incongru des mots, et la bizarrerie des personnages: il ne vous laisse pas une minute pour vous ennuyer, au contraire, il vous fait rire tant les scènes et les dialogues sont souvent déplacés, Sophie Fillières se fait un point d'honneur de nous faire échapper à tous les clichés ou lieux communs. Ainsi notre héroïne, Fontaine Leglou ( le nom en annonce l'originalité!), incarnée par la pulpeuse Emmanuelle Devos, est une jeune femme que d'aucuns qualifieront de "bizarre", tant elle échappe à la norme comportementale et sociale: elle est par exemple bouleversée lorsque l'homme de sa vie (Bruno Todeschini) la demande en mariage, au point de différer sa réponse, et d'avaler - c'est un acte manqué - sa bague de fiançailles...

    Et puis il lui arrive de prendre pour un autre un homme qui l'a lui-même prise pour une autre... Et elle reproche à un homme de la suivre, alors qu'il ne l'avait même pas remarquée... Du coup, lorsqu'un de ses patients lui fait signe parce qu'il l'a reconnue, elle croit qu'il se trompe; même lorsque ce patient est le craquant Lambert Wilson, interné pour on ne sait quel problème psychiatrique. Il la séduit, du coup elle commet des lapsus, en confondant les prénoms de son fiancé et de ce patient charmant... Donc, c'est cocasse, c'est loufoque, c'est très vif, j'en réfère à l'éclatant dialogue entre Fontaine et son fiancé dans son bureau de médécin: l'infirmière de garde les prend carrément pour des aliénés!

    On a donc affaire à de l'excellent cinéma français, où les dialogues fusent et où les esprits se percutent, ne gâchez pas votre plaisir!

     

  • Sexe, drogue et show business

    LA VERITE NUE (WHERE THE TRUTH LIES), d'Atom EGOYAN, USA (2005):

    La structure un peu complexe de ce film (allers-retours constants entre le présent et le passé) maintient le spectateur en éveil, tout comme son aspect policier: une jeune fille, Rachel Blanchard,  a été assassinée, alors qu'elle venait de passer la nuit avec le duo de Kevin Bacon et Colin Firth, et une jeune journaliste, incarnée par la spendide et toujours sexy Alison Lohman, mène l'enquête, 15 ans après, sous couvert d'écrire une biographie du personnage incarné par Colin Firth, et en s'aidant des témoignages des deux hommes, et du livre qu'écrit aussi le personnage de Kevin Bacon.

    Ca a l'air un peu compliqué comme ça, n'ayez pas peur, le film est facile à suivre: c'est la multiplicité des points de vue qui fait son intérêt - la plupart du temps, c'est Alison Lohman qui nous livre le sien, mais on a aussi droit aux versions des deux hommes, ainsi que l'implication de plus en plus troublante d'Alison dans son enquête, à travers ses interactions parfois charnelles avec l'un ou l'autre personnage masculin, et même avec Alice aux pays des merveilles! Car la sexualité de nos héros n'est pas figée, certains naviguent aussi bien "à voile qu'à vapeur", et sur cette ambiguïté se construit tout le film.

    Cf. critique Télérama et fiche du film sur imdb. A noter: le jeu de mots, en anglais, dans le titre: "to lie", c'est à la fois mentir, se cacher et s'étendre! La vérité est certes dissimulée, mais chaque personnage peut inventer la sienne, et Alison la trouve en (se) couchant... et une interview d'Atom Egoyan.

     

  • Aller au-delà des apparences

    KING-KONG, de Peter JACKSON, USA et NOUVELLE-ZELANDE (2005):

    Oui, c'est un blockbuster américain, oui, c'est une reprise du King-Kong de 1933, et pourtant, c'est un très bon divertissement qui mérite que vous lui consacriez 3 heures. Naomi Watts, qu'enlève l'énorme gorille, est superbe et pas nunuche, Jack Black et Adrien Brody sont tout à fait convaincants, et les effets spéciaux sont impressionnants, et donnent lieu à des scènes époustoufflantes: soit vous restez bouche bée d'ébahissement devant la scène de poursuite (et surtout de piétinement) par les dinosaures, soit comme moi vous en rigolez tellement vous trouvez ce moment fou et cocasse.

    Soit vous regardez les yeux grands ouverts un personnage se laisser dévorer par un vers visqueux tout gluant, soit comme moi vous fermez les yeux en ricanant tellement l'image est dégoûtante, même si elle produit son effet. Car sur l'île où habite notre gorille de 8 mètres, vit tout une panoplie de bêtes plus grosses et plus effrayantes les unes que les autres. Cet ailleurs est comme la partie cachée de notre être dans sa vérité la plus effrayante;  le plus singulier, c'est qu'on éprouve des sentiments pour ce gorille qui cherche une compagnie, lui qui est si seul dans son corps exceptionnel (vous avez déjà vu une King-Kong?).

    Et en plus des aventures, il y a dans ce film des émotions fortes, surtout à la fin, où la bêtise et la vénalité des hommes mettent un terme à une aventure hors du commun. Cf. Télérama.

  • Un bon bain de mer iodée

    UNE BELLE JOURNEE (On a clear day), film anglais de Gaby DELLAL (2005):

    La bande-annonce de ce film m'avait fait un peu peur, et j'y suis allée plutôt à reculons: mais alors, quelle bonne surprise! Nous avons ici le nouveau Full Monty, en beaucoup mieux selon moi, qui suis très sensible à l'eau, à la mer, à la piscine (pour ceux qui l'ignoreraient, je suis bretonne d'origine, et l'eau est un élément dans lequel je suis presque aussi à l'aise que sur terre - parfois plus même). Les personnages sont superbes, et l'histoire, toute classique qu'elle est, est tellement limpide et positive qu'on se laisse emporter par le flot.

    Le flot, plutôt le remou, et surtout le ressac, dont il est question dans ce film, c'est celui de la Manche, entre Douvres et Calais - il faut aller jusqu'au Cap Gris Nez, dans le Pas-de-Calais (ah, souvenirs!) que veut traverser Frank (le mûr et craquant Peter Mullan), pour se prouver qu'il existe, même après avoir été mis au chomâge, et pour tenter d'extérioriser la souffrance de la perte pourtant lointaine d'un être cher.

    Je n'en dirai pas plus, il faut aller le voir, ça m'étonnerait que ce film ne remporte pas sous peu un grand succès populaire. Et en plus c'est comique! Allez vous baigner avec Frank, et vous ne vous plaindrez plus du froid cet hiver.

    Désolée pour le manque de prolixité, j'essayerai de me rattraper plus tard, vivement les vacances, où l'on ne fait pas que travailler et dormir.

  • Le Temps qui (nous) reste

    LE TEMPS QUI RESTE, film français de F. OZON (2005):

    Ah, Melvil! Ah.... Melvil Poupaud, que j'ai toujours trouvé charmant, mais qui est paaarticulièrement lumineux dans son rôle de Romain, 31 ans, atteint d'un cancer qui ne lui laisse plus que quelques mois à vivre. Ce film prend le temps de montrer la réaction d'abord stoïque de Romain, son attitude face à son entourage (le dire, ou le cacher?), et son acceptation, preque sa résignation, car il décide de ne pas lutter pour la vie, et de vivre très simplement "le temps qui [lui] reste".

    C'est un grand rôle pour Melvil Poupaud, et la caméra se focalise sur lui: lorsqu'il largue son petit copain (le troublant Christian Sengewald), lorsqu'il se laisse aller dans les bras de sa grand-mère, incarnée par Jeanne Moreau, lorqu'il dit ses quatre vérités à sa soeur, ou lorqu'il se revoit enfant.

    Ozon nous offre ici un petit bijou d'intimité avec un homme qui a une attitude très digne - et pourtant si légère - face à la mort. Laissez-vous toucher par ce film qui ne vous parle que de la vie. Cf. critique Télérama.

  • Voyage au bout de la vie

    TROIS ENTERREMENTS (Tres enquierros de Melquiades Estrada) USA (2005) de et avec TOMMY LEE JONES:

    Prix d'interprétation masculine à Tommy Lee Jones, et prix du scénario, CANNES 2005

    Le synopsis de Trois enterrements est on-ne-peut-plus simple: un Mexicain, Melquiades Estrada, a été victime d'une bavure policière, il a été tué, et, alors que la police des frontières - nous sommes au Texas, à la frontière entre les USA et le MEXIQUE - essaye d'enterrer l'affaire (au sens propre et au sens figuré, c'est le premier enterrement de Melquiades), Pete Perkins, qu'incarne Tommy Lee Jones, entreprend de retrouver le coupable et de rendre à son ami Melquiades un dernier hommage, en accompagnant sa dépouille sur ses terres natales au Mexique, comme il le lui avait promis.

    Ce qui est beau, dans ce presque western, c'est que cette intrigue presque minimaliste est servie par un scénario intelligent (la première partie du film se construit en alternant le présent et les retours dans le passé, du temps du vivant de Melquiades), par des acteurs en parfaite adéquation avec leur personnage: Barry Pepper (quelle sale tête!) est le flic coupable du meurtre, January Jones est sa femme délaissée et oisive, Julio Cesar Cedillo fait le "gentil Mexicain", et par une lumineuse photographie qui capte le plus beau du Texas, et le vertige des montagnes mexicaines, pour mieux nous faire voyager.

    Le sujet est grave, et cependant on n'est preque jamais horrifié, car le ton se veut léger: "J'ai privilégié une mise en scène à la limite du comique", nous explique Tommy Lee Jones; c'est le cas par exemple lorsque le flic rippoux essaye de s'échapper, et court comme un dératé, les pieds nus et les mains menottées. On sort de ce film en paix, comme Melquiades.

    Guillermo Arriaga, scénariste: "Les frontières mettent les gens en danger. [...] Les Etats-Unis ont besoin de travailleurs, les Mexicains ont besoin de travail."