JE NE SUIS PAS LA POUR ETRE AIME , film français de Stéphane BRIZE (2005)
Vous pouvez faire confiance à cet excellent titre: le film l'est tout autant! L'histoire est très belle, les émotions suscitées sont particulièrement justes, tant elles nous touchent, presque tous (nous, qui ne sommes pas toujours "là pour être aimé[s]", et c'est normal). Ainsi, celui qui n'est pas là pour être aimé, c'est Jean-Claude, interprété par Patrick CHESNAIS, notre Bill Murray national comme dit la patronne des Navires de Valence; c'est un huissier de 50 ans qui encaisse les coups, et qui est froid et renfermé comme un pauvre croûton tombé derrière le frigo. Il va tous les dimanches visiter son vieux père, encore moins "là pour être aimé" que lui.
Mais un jour son horizon s'éclaire: il participe à un cours de tango, et danse avec la lumineuse Françoise, incarné par Anne CONSIGNY. Elle est sur le point de se marier, mais va se laisser aller au charme discret de Jean-Claude...
Vous le voyez, cette histoire est limpide, ce n'est pas un film d'actions, ni de suspense (quoique...). Nous avons eu, ce mardi 19 octobre 2005, aux Navires, la chance de pouvoir dialoguer avec la co-scénariste du film, la pétillante et passionnante Juliette Sales, qui nous a bien fait comprendre que ce qui comptait, c'était l'histoire et les personnages. Stéphane Brizé et elle ont écrit un scénario très épuré, très construit (on suit tantôt Jean-Claude, tantôt Françoise), autour du personnage de Jean-Claude, qui, en raison de son histoire familiale, est quelqu'un qui ne sait pas aller vers "ce qui est bon pour lui" (Juliette Sales).
Il y a d'après moi deux moments-clefs dans ce film, qui peuvent faire jaillir votre sensibilité ou vous réjouir par leur subtilité: c'est lorsque Jean-Claude découvre le contenu de l'armoire que son père avait fermée à clef, et c'est lorsque la secrétaire de Jean-Claude lui avoue qu'elle a écouté derrière la porte, et qu'elle aurait bien aimé que quelqu'un le fasse pour elle un jour, ça lui aurait évité de se conduire comme une idiote, et de se retrouver seule...
Moments très forts, qui échappent à tout cliché, et dans lesquels on peut se reconnaître. Je n'en dis pas plus, c'est un film à voir nécessairement! Allez lire cette critique de Télérama, mais attention, Cyril Couton n'est pas le nouvel employé, c'est le fils de Jean-Claude! Quand même, Monsieur Murat!