The Taste Of Tea, de Katsuhito ISHII (2003):
Ce film avait complètement échappé à ma sagacité en 2003, pas plus que ne m'avait interpelée sa présence à la quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2004. Ce n'est donc qu'avant-hier soir que j'ai découvert ce fin bijou oriental, au cours de sa dernière séance dans mon cinéma préféré.
La première image est un écran noir, mais les bruitages sont surprenants: des halètements qui ne peuvent que faire penser à une scène d'amour (mais non, je ne pense pas qu'à ça!), et qui s'avèrent être ceux d'un adolescent qui court le long d'une voie ferrée, à la poursuite de la fille qu'il aimait, et qui est partie avant qu'il n'ait pu lui avouer son amour. Tout essouflé, le garçon s'arrête, et son front se fait alors transpercer par un train miniature, qui laisse ensuite un trou béant dans son crâne. C'est surréel, mais pas horrible: le dérisoire ici ne fait qu'atténuer - ou mettre en exergue - la frustration du garçon, sa déception et son désir.
Et puis il y a sa mignonne petite soeur aux couettes, qui ne sourit jamais parce qu'elle est pertubée par la présence constante de son double, géant. Et la mère qui fait des croquis du grand-père adoptant des poses. Et le père qui les hypnotise pour leur permettre d'accéder à leur riche inconscient, pendant que les autres, qui n'ont pas accepté d'être hypnotisés, regardent un programme délirant à la télévision.
Ca en fait, donc, des histoires racontées, dans ce film, une histoire, celle de cette famille japonaise en apparence paisible. Il se passe pléthore d'événements, et pourtant on sort de ce film apaisé: parce que les images sont superbes, parce que le réalisateur prend le temps de soigner ses plans des personnages, de la nature, les couleurs; la musique est harmonieuse sans être sirupeuse.
Un film A VOIR, pour éprouver le bonheur de respirer, le plaisir de voyager, et le délice de contempler.